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mercredi 25 mai 2011

Les Saoudiennes réclament le droit de conduire

En Arabie saoudite, prendre le volant pour une femme est un acte qui peut mener directement en prison. C'est le sort qui a été réservé à Manal Al-Sharif, une Saoudienne de 32 ans, consultante en sécurité informatique et mère d'un enfant.

Cette jeune femme a osé défier une interdiction tacite au sein de la société saoudienne – résultant d'une fatwa religieuse et non d'une loi –, en lançant une campagne sur Facebook etTwitter pour que les Saoudiennes détentrices de permis internationaux prennent le volant le 17 juin.

L'appel de Manal Al-Sherif à la journée du 17 juin (en arabe).

"Nous, femmes en Arabie saoudite, de toutes nationalités, allons commencer à conduire nos voitures nous-mêmes", était-il annoncé sur la page Facebook du groupe créé par Manal et d'autres Saoudiennes. Il regroupait plus de 11 000 membres avant d'être désactivé par les autorités. "Nous ne sommes pas là pour contrevenir à la loi ou manifester ou défier les autorités. Nous sommes là pour revendiquer l'un de nos droits les plus élémentaires. Nous avons des permis de conduire et nous allons respecter le code de la route."

Dans une vidéo, Manal en spécifiait le mode de participation : ne pas se réunir ou manifester mais conduire à titre individuel ; que seules les femmes détenant des permis obtenus à l'étranger participent ; que des volontaires apprennent aux autres femmes à conduire en attendant que le gouvernement mette en place un système d'obtention de permis pour les femmes ; et que les participantes se filment et diffusent leur vidéo.

Par ailleurs, note Eman Fahad Al-Nafjan, auteure du blog Saudi Woman, Manal a directement interpellé les hommes saoudiens leur demandant si cela les contentait que les femmes se retrouvent à la merci de conducteurs peu fiables ou soient forcées d'attendre un taxi sous le soleil. Elle a également précisé dans cette vidéo que le roi Abdallah, le prince Nayef et le prince Sultan avaient déclaré que cette interdiction n'était pas du ressort du gouvernement mais davantage liée à des aspects culturels et sociaux.

Un reportage d'Al-Jazira English sur Manal Al-Sharif et la campagne du 17 juin.

MANAL EN GARDE À VUE

Manal a été interrogée plusieurs heures samedi 21 mai par la police de la promotion de la vertu et de la prévention des vices, après avoir conduit dans Al-Khobar en compagnie de son frère. Eman Fahad Al-Nafjan donne les détails de cette arrestation sur son blog Saudi Woman.

Manal Al-Sharif et son frère ont été à nouveau interpellés dimanche. Cette fois, neuf officiers de police sont venus l'arrêter à 5 h 30 du matin à son domicile d'Al-Khobar, indique Susie of Arabia, auteure du blog Susie's big adventure. Le militant des droits de l'homme Waleed Abu Alkhair a diffusé des informations sur cette arrestation.

Selon le journal Sabq, Manal va être maintenue en garde à vue pendant cinq jours pour "avoir conduit, s'être laissé filmer en conduisant, pour avoir publié la vidéo en ligne et pour avoir incité les autres Saoudiennes à contrevenir à la loi en conduisant".

Waleed Abu Alkhair sur Twitter mercredi 25 mai : "Ils vont vous dire que Manal est effondrée et qu'elle a signé de nombreux engagements. Mais ils ne vous diront pas qu'ils l'ont menacée de perdre son travail, d'emprisonner son père et de perdre la garde de son enfant."

Lors de la journée internationale de la femme en 2008, Wajeha Al-Huwaider s'est filmée au volant dans la campagne saoudienne.

En réponse, Waleed Abu Alkhair a préparé une lettre et une pétition à l'attention du roi Abdallah pour demander la libération de Manal. "Quelques heures après la publication de la lettre, celle-ci a réuni plus de 300 signatures de citoyens saoudiens et la liste ne fait que s'allonger", note Eman Fahad Al-Nafjan sur son blog Saudi Woman, publiant une traduction en anglais de la lettre.

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