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jeudi 17 février 2011

Un record irakien battu par la Belgique

LEMONDE | 16.02.11 | 14h59 • Mis à jour le 16.02.11 | 14h59

Bruxelles Bureau européen - En Belgique, tout finit par de l'humour et s'il finit par sombrer, le royaume espère au moins que ce sera dans une partie de rigolade. Certains citoyens, passés du désintérêt à la colère, puis de la colère à l'ironie, paraissent en tout cas pressés de fêter le record mondial de la plus longue crise gouvernementale : on l'annonçait pour la fin mars, et le voilà qui pointe dès jeudi 17 février.

Ce jour-là, des Belges d'un peu partout promettent de déclencher leur "révolution des frites". Ils danseront à Anvers, se déshabilleront à Gand, manifesteront à Bruxelles et organiseront un "flash mob" à Liège. A Louvain, des cornets de frites seront distribués gratuitement.
Les organisateurs ont tranché : le record établi par l'Irak en 2010 était bien de 249 jours, et non 289 comme on l'avait écrit un peu partout. Question de point de vue : après avoir voté en mars 2010, sunnites, chiites et Kurdes annonçaient, huit mois plus tard environ, un accord sur le partage du pouvoir. Mais il fallut quarante jours supplémentaires pour qu'une coalition se mette en place à Bagdad. Trop avides de s'amuser et de dire leur ras-le-bol, les activistes belges ont convaincu les médias : eux aussi estiment que le record sera battu dès jeudi et ont annoncé des émissions et des cahiers spéciaux. Quitte, ironisent certains d'entre eux, à recommencer dans quarante jours si le succès de l'opération est au rendez-vous.
D'accord sur rien
Ils sont, en effet, très rares, les observateurs qui pensent que, même avec quarante jours de plus, le pays a une chance de trouver une issue à la crise née du scrutin du 13 juin 2010. Depuis, personne n'a trouvé de solution au désaccord entre partis néerlandophones et francophones. En réalité, la négociation pour la formation d'un gouvernement n'a même jamais débuté puisque les missions confirmées à divers informateurs, médiateurs ou conciliateurs ont, à chaque fois, buté sur le thème des réformes institutionnelles. Notes, contre-notes et rapports divers n'y ont rien fait : les deux grandes communautés ne sont d'accord sur rien.
Didier Reynders, le dernier responsable désigné pour tenter de rapprocher les points de vue, a surpris, il y a quelques jours, en affirmant qu'il avait perçu, dans différentes formations, une volonté de dialoguer. Contrairement au ministre des finances sortant, de nombreux observateurs en sont à considérer que de nouvelles élections seront inévitables... et qu'elles ne serviront qu'à cristalliser les points de vue. La Flandre devrait plébisciter plus encore le courant indépendantiste de droite, tandis que la Wallonie conforterait un peu plus le puissant Parti socialiste.
Grève du rasage promue par l'acteur Benoît Poelvoorde, grève du sexe inventée par une sénatrice flamande, manifestation sur le thème de la "honte" : rien n'y fait et il ne reste plus aux Belges qu'à rire (jaune ?) pour tenter d'impressionner leurs élus.

1 commentaire:

Josep Antoni a dit…

C'est une question à y penser... Si le pays continue à fonctionner sans le gouvernenment, peut-être on pourrait épargner les salaires de certains politiciens et certains gaspillages, peut-être la société civile trouverait des nouveaux systèmes d'organisation... Ou peut-être on devienne la victime idéale pour les grands groupes financières...