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mercredi 9 février 2011

Au chômage depuis sept mois, il crée "son" salon de l'emploi pour se vendre

LEMONDE pour Le Monde.fr | 09.02.11 | 11h26 • Mis à jour le 09.02.11

Une des affiches annonçant le salon de l'emploi d'Alain Gutton, mardi, à Paris.
Une des affiches annonçant le salon de l'emploi d'Alain Gutton,  mardi, à Paris.

Un immense hangar vide. Au milieu, trois hommes en costume, assis sur des chaises, éclairés par la lueur d'une lampe en papier. Il fait froid. Dans le Hall 8 de la Porte de Versailles, à Paris, se tient le Salon de l'emploi d'un seul homme : Alain Gutton.
A 44 ans, ce chômeur recherche depuis sept mois un poste de directeur marketing. Au lieu de déposer des CV, il a décidé de créer son propre événement. Autoproclamé "super-candidat", il passe un entretien d'embauche avec les deux seuls employeurs venus le rencontrer.

Il y a un an, il travaillait pour une petite agence de communication. Crise, licenciement économique. "J'ai postulé pour pas mal de postes, explique M. Gutton. Au mieux, j'avais droit à une réponse. négative. Au pire, je n'avais pas de réponse du tout."
Sur son curriculum vitae, il y a pourtant pas mal de lignes : Sony Music, Photomaton, Pixmania. Lors d'un entretien d'embauche, on lui demande quelles sont ses qualités : "La créativité, la capacité à fédérer des gens, mais c'est con de dire ça. On ne peut pas le démontrer."
"ÇA SERAIT AUX EMPLOYEURS DE SE DÉPLACER"
"Un jour de décembre, je roulais sur le périph', raconte M. Gutton, et j'ai vu une affiche pour le Salon de la plongée. Je me suis dit: ‘pourquoi je ne ferais pas mon propre salon de l'emploi ?'. Sauf que cette fois, on inverserait les rôles, ça serait aux employeurs de se déplacer."
La parole est chaleureuse mais maîtrisée. Divorcé, père de trois enfants, cet habitant de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) en parle à ses amis et à son réseau professionnel. Une vingtaine de personnes se mettent gratuitement à son service.
"On a commencé à travailler sur le projet le 3 janvier." Site internet (www.me-recruter.com), campagne marketing, réseaux sociaux, location des 50 000 m2 de la salle d'exposition. Prélude à l'événement, son visage apparaît sur deux immenses affiches le long du boulevard périphérique, vendredi 4 février.
Rencontre avec deux employeurs. Les seuls à s'être déplacés.
Rencontre avec deux employeurs. Les seuls à s'être déplacés.Andy David
De sa poche, il ne met que quelques centaines d'euros. Selon lui, une telle opération aurait coûté 70 000 euros, mais en fait beaucoup de prestations lui sont offertes. Certains partenaires sont affichés sur un panneau rose. Mais mystère sur l'identité du plus généreux mécène : "parole d'homme", justifie-t-il.
Sous les poutrelles métalliques du hall, plus de caméras et de micros que d'employeurs potentiels. M. Gutton répond calmement aux questions des journalistes. Il accepte l'invitation de BFM-TV qui le veut sur son plateau à l'heure du dîner. Mais il est plus réticent pour passer sur LCI à 22h30. Le stress l'a empêché de dormir la nuit précédente, il ne voudrait pas "se griller".
"C'EST PLUS EFFICACE QUE D'ENVOYER DES MILLIERS DE CV"
"Faire quelque chose d'un peu délirant, ça lui ressemble, mais s'afficher comme ça, beaucoup moins", juge en souriant son fils, Alexandre. En cours le matin à la fac, il est venu donner un coup de main, l'après-midi : "Mais là, il est un peu stressé, donc il vaut mieux le laisser gérer son affaire tout seul."
Pendant un mois, n'aurait-il eu le temps de trouver un emploi ? "J'ai fait la démonstration que j'étais créatif. Et ce qui est sûr, c'est qu'avec le 'buzz' autour de mon salon, j'ai touché des milliers d'employeurs. Certains vont m'éliminer, d'autres me choisir. C'est plus efficace que d'envoyer des milliers de CV."
Il affirme avoir été destinataire de plusieurs centaines de messages, dont un seul négatif : "J'ai reçu beaucoup de messages de gens en difficulté qui disaient que je leur remontait le moral. Rien que pour ça, ça valait le coup de monter cette opération."
Les deux employeurs potentiels se lèvent et partent se concerter devant la porte d'entrée : "C'était un entretien d'embauche tout à fait classique", rapporte M. Gutton avant leur retour. "On est un peu surpris d'être les seuls à être venus mais nous ne sommes pas refroidis", explique Cyril Carré, cofondateur d'une entreprise qui commercialise des compléments alimentaires contre l'intolérance au lactose.
Vendredi, il entend parler de l'initiative de "super-candidat". Il prend rendez-vous. Les deux hommes ne souhaitent pas révéler le contenu de l'entretien : "On a eu de bons échanges." Suffisamment bons pour envisager une embauche ? Les trois hommes se revoient, lundi prochain, pour en rediscuter. Dans un vrai bureau

3 commentaires:

Josep Antoni a dit…

C'est sympa, mais je doute de son efficacité. En effet, dans ces temps sales et misérables il faut mettre à travailler l'imagination.

Chimo G. a dit…

L'imagination au pouvoir

Chimo G. a dit…

Efficacité? Bien sûr...
Pour un Directeur marketing c'est une bonne chose d'apparaître dans la presse : Le Monde, Ledouxpamplemousse, etc....