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lundi 7 novembre 2011

Bangkok, une capitale inondée à l'avenir difficile

Les inondations exceptionnelles qui frappent Bangkok pourraient n'être qu'une répétition générale d'un avenir difficile, lorsque le changement climatique rendra plus vulnérable encore une capitale qui s'enfonce inexorablement, préviennent les experts. Si rien ne change, "dans cinquante ans […] la majorité de Bangkok sera en dessous du niveau de la mer", prévient ainsi Anond Snidvongs, expert du changement climatique à l'université Chulalongkorn de Bangkok.

En cause bien sûr, l'élévation d'ici à 2050 de 19 à 29 centimètres du niveau du golfe de Thaïlande, à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale thaïlandaise. Le fleuve Chao Phraya, qui la traverse et déborde régulièrement, subira le même sort. Mais à ce phénomène s'ajoute l'affaissement de la mégalopole, causé par l'extraction massive des eaux souterraines pour l'industrie et la consommation de ses habitants, 12 millions aujourd'hui.
Selon une étude de la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement et la Banque japonaise pour la coopération internationale, la capitale s'enfonçait de 10 cm par an à la fin des années 1970.
RISQUE D'INNONDATION MULTIPLIÉ PAR QUATRE
Bangkok, tôt lundi matin 7 novembre 2011.
Bangkok, tôt lundi matin 7 novembre 2011.REUTERS/STRINGER/THAILAND
Grâce aux mesures du gouvernement pour protéger les nappes phréatiques, le rythme est descendu à moins d'un centimètre par an et devrait encore ralentir de 10 % chaque année, affirme le rapport. Mais Anond Snidvongs conteste le chiffre et évoque un rythme toujours "alarmant" de 1 à 3 cm. Quelle que soit la réalité, "il n'y a pas de retour en arrière possible, [la ville] ne va pas s'élever à nouveau", noteDavid McCauley, expert de la Banque asiatique de développement.
Résultat, l'OCDE a classé Bangkok en 2007 parmi les dix villes au monde les plus à risques en terme de nombre de personnes et de biens exposés aux inondations d'ici à 2070. La Banque mondiale évoque pour sa part un risque d'inondations multiplié par quatre d'ici à 2050. Bangkok possède un système complexe de protections, combinant digues, canaux, écluses et stations de pompage. Un arsenal qui n'a pas empêché depuis deux mois les milliards de mètres cubes d'eau venus du nord, après une mousson particulièrement abondante, de noyer plus d'un cinquième de la capitale.
URBANISATION GALOPANTE

En cause notamment, une urbanisation galopante. La superficie à protégeraugmente, "donc [l'eau] a moins de place où aller", note ainsi François Molle, expert en gestion de l'eau à l'Institut de recherche pour le développement, pour qui il ne fait aucun doute que "Bangkok boira la tasse. La seule question est de savoir quand".La Thaïlande et sa capitale, construite sur une plaine inondable, doivent donc sepencher sur l'aménagement du territoire. En clair, réfléchir au déménagement de certaines usines ou lotissements les plus menacés. Voire de toute la ville.
"Il pourrait être approprié pour les gens qui veulent être au sec vingt-quatre heures par jour et trois cent soixante-cinq jours par an de créer une nouvelle ville […]. Il y a plein de terres dans ce pays" qui a déjà plusieurs fois déplacé sa capitale au cours des siècles, envisage M. Snidvongs. "Pour rester où elle est, la ville devra mieux se protéger" et "investir massivement dans de nouvelles défenses dans les dix à vingt prochaines années", estime de son côté Robert Nicholls, ingénieur de l'université britannique de Southampton, qui compte sur le désastre en cours pour provoquer une réaction.
LEMONDE.FR
Pour François Molle, expert en gestion de l'eau à l'Institut de recherche pour le développement, il ne fait aucun doute que "Bangkok boira la tasse".
Pour François Molle, expert en gestion de l'eau à l'Institut de recherche pour le développement, il ne fait aucun doute que "Bangkok boira la tasse". AFP/SAEED KHAN

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