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lundi 8 novembre 2010

Michel Houellebecq, enfin !








Michel Houellebecq, lauréat du prix Goncourt.
Michel Houellebecq, lauréat du prix Goncourt.AFP/JOEL SAGET
C'étaient plutôt de bons augures pour Michel Houellebecq. Vendredi 5 novembre, à Cracovie, un jury d'étudiants des départements de français de douze universités polonaises qui forme le jury du Goncourt polonais avait décerné le prix du meilleur roman en français de l'année à Michel Houellebecq, pour La Carte et le Territoire (Flammarion).
La subversive romancière et réalisatrice Virginie Despentes a été sacrée lundi par le prix Renaudot pour Apocalypse bébé (Grasset), un feu d'artifice ironique entre satire sociale, polar contemporain et romance lesbienne. Les jurés du Renaudot ont consacré l'égérie underground au onzième tour par quatre voix contre trois à Simonette Greggio pour Dolce Vita 1959-1979
Virginie Despentes est vendeuse au rayon librairie d'un Virgin Megastore à Paris lorsque paraît en 1993 son premier roman au titre et au contenu provocateurs, Baise-moi, refusé par de nombreux éditeurs et publié chez Florent-Massot. Sept ans plus tard, elle en fera une retentissante adaptation cinématographique, en collaboration avec Coralie Trinh Thi.
Avant d'être vendeuse, la jeune Nancéenne, née le 13 juin 1969, passe son bac en candidate libre et enchaîne les petits boulots. Après son deuxième roman, Les Chiennes savantes, en 1996, elle rejoint les éditions Grasset, chez qui elle publie en 2001 Les Jolies Choses, livre adapté au cinéma par Gilles Paquet-Brenner. En 2002, paraît Teen Spirit et en 2004 Bye bye Blondie. Elle en tourne actuellement l'adaptation au cinéma avec Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart.
Publié en 2006, King Kong Théorie, un essai autobiographique, fait l'effet d'une bombe et se vend à près de 45 000 exemplaires. Elle y dévoile avoir été violée à 17 ans. Un événement qu'elle décrit comme "fondateur".
Sans surprise, les jurés du prix Goncourt réunis chez Drouant, place Gaillon, à Paris, ont eux aussi récompensé l'auteur des Particules élémentaires, au premier tour de scrutin, par 7 voix contre 2 voix à Virginie Despentes. Une voix manquait lors du scrutin, celle de Michel Tournier.
Pour Michel Houellebecq, la quatrième tentative a enfin été couronnée de succès. En 2005, pour son précédent roman La Possibilité d'une île (Fayard), il avait été jusqu'en finale du prix Goncourt, battu sur le fil par François Weyergans, qui s'était imposé avec Trois jours chez ma mère (Grasset). En 1998, Les Particules élémentaires (Flammarion), le livre qui l'avait révélé au grand public, avait figuré dans les deux premières sélections du prix français le plus prestigieux, avant de disparaître lors de la troisième sélection. Le prix Goncourt était revenu cette année-là à Paule Constant, pour Confidences pour confidences (Gallimard).
En 2001, Plateforme (Flammarion), le troisième roman de Michel Houellebecq avait été éliminé, dès la deuxième sélection du Goncourt. Les attentats du 11 septembre 2001 ont brisé les espoirs du livre, qui avait essuyé au préalable une double polémique, l'une sur le tourisme sexuel en Thaïlande, l'autre sur l'islam.
Dans des propos au magazine Lire, publiés peu avant les attentats du World Trade Center, le romancier avait déclaré que "la religion la plus con, c'est quand même l'islam". "Quand on lit le Coran, on est effondré." Attaqué en justice, Michel Houellebecq avait été relaxé en 2002.
SUCCÈS DE LIBRAIRIE
Avec la sortie de La Carte et le Territoire, en revanche, il n'y a eu aucun scandale majeur. Tout juste une polémique très circonscrite a surgi sur l'usage par l'auteur de notices extraites de l'encyclopédie en ligne Wikipedia. Quelques écrivains dont Philippe Sollers, mais aussi des critiques d'art, se sont aussi émus des propos jugés absurdes, tenus par Jed Martin, héros de La Carte et le Territoire, sur Picasso.
Car dans son dernier roman, Michel Houellebecq traite essentiellement du monde de l'art, même s'il aborde aussi comme thèmes principaux l'argent, l'amour, le rapport au père, la mort, le travail et la France devenue un paradis touristique.
Le romancier part du parcours biographique et créatif de Jed Martin, un artiste français imaginaire qui rencontre Michel Houellebecq en Irlande pour lui demander d'écrire un texte d'un catalogue d'exposition, et qui signe son portrait peint. Dans ce livre, Michel Houellebecq s'amuse à mettre scène son propre assassinat.
Dans Le Monde du 3 septembre, Raphaëlle Rérolle parlait de "Fascinante mise en abyme : ces scènes, extraites de La Carte et le Territoire, à paraître ces jours-ci, mettent en évidence le paradoxe du 'cas' Houellebecq. Pour ce qu'on en connaît, voilà un homme qui cultive un environnement personnel d'une extrême banalité (en Irlande, notamment). Un intellectuel qui se tient à l'écart de toutes les formes de glamour, de la bohème chic et des discours qui vont avec. Un romancier qui traque les symptômes de la modernité à travers les lieux, les objets, les pratiques et les pensées les plus ordinaires, les moins dignes (en apparence) de susciter l'intérêt. Et voilà pourtant l'écrivain qui attire, sur sa personne comme sur ses textes, la plus violente explosion de critique et de haine dont la vie littéraire française soit capable. L'homme aux procès retentissants, celui (…) dont chaque livre est guetté comme l'arrivée d'un cyclone et dont les rares apparitions sont passées aux rayons X, en France comme ailleurs. L'écrivain qui, suscitant l'enthousiasme ou le dégoût, électrise périodiquement la scène plutôt morne du débat d'idées, dans l'Hexagone."
Sorti le 4 septembre, le livre de Michel Houellebecq est d'ores et déjà un grand succès de librairie, avec plus de 200 000 exemplaires vendus. Mais un prix Goncourt devrait lui permettre de doubler, voire de tripler ses ventes, suivant une étude réalisée par l'institut GfK, portant sur l'impact réel des prix littéraires. Dès sa parution, La Carte et le Territoire avait reçu un accueil très favorable de la presse. Pour Teresa Cremisi, patronne de Flammarion et éditrice de Michel Houellebecq, "c'est un très grand écrivain qu'il faut écouter, il ne faut pas le starifier, mais le lire".
Alain Beuve-Méry

3 commentaires:

Josep Antoni a dit…

Si vous ne connaisez pas Michel Houellebecq je vous le recommande vivement. C'est un romancier un peu polémique, surtout dans son oeuvre Plateforme, mais il vaut la peine. Je suis sûr qu'il ne vous decevra pas. J'ai lu ses trois premiers romans, mais en espagnol.
Par contre, j'ai essaié de lire Virginie Despentes en français, il y a quelques années, Théorie King Kong, et je l'ai trouvé un peu difficile. C'est vrai qu'elle utilisait beaucoup de mots en argot et à ce moment-là je ne le connaisais pas suffisament, l'argot. Peut être maintenant...
Tous les deux, ils sont des auteurs qui aiment le scandale, ils ont rému le monde de la littérature. Il faut les connaître.

marina a dit…

Je te remercie tes commentaires, j'essaierai de lire, bien Michel ou bien Virginie

Josep Antoni a dit…

Excusez-moi les erreurs: "connaisez" par "connaissez"; je vous "le" par "les" recommande... Mais, si j'écris à l'école, je n'ai pas le temps de réviser la rédaction. J'aimerais que vous fissiez la correction.