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mercredi 14 décembre 2011

Proscrits du paradis

« Le paradis de chaque homme est son enfance » disait H.W. Auden, le grand poète victorien. En effet, le temps qui coule voile les souvenirs du passé, en les adoucissant. On oublie rapidement les afflictions, les peurs, les bagarres, les hontes vécues et ne restent que des images confortables, paisibles, bienveillantes.

À l’occasion de cette rédaction, en fouillant dans les archives poussiéreuses de la mémoire, je me suis rencontré avec le souvenir des journées passées chez mon oncle Gui. Il avait un domaine près du sommet de l’Aitana, la chaîne de montagnes la plus haute de la région, sur la versant sud qui surplombe la baie d’Alicante. Il y élevait  quelques hectares de blé, de vignobles et d’oliviers. Au moment du moisson ou de la vendange il convoquait toute la famille pour se faire aider et pour fêter l’événement.

A ce moment là, nous nous rejoignions tous les cousins, jusqu’à un nombre de treize. J’aimais principalement l’époque de la vendange, à la fin de l’été, où il était un concert pour les sens. Je couchait au bord du bassin, sur une pierre plate réchauffée du soleil et me laissait aveugler par les reflets de la lumière sur la surface de l’eau, tandis que, dans  l’air, les cris aigus des filles éclaboussées par le cousin André, toujours prêt à les taquiner, survolaient.

À la fin du matin, l'oncle Gui nous demandait d’aller à la cave où les treize cousins nous mettions à presser les raisins étendus par le sol en bois, à pieds nus, jusqu’à remplir la cuve qu’il y avait au-dessous. Après, on allait toujours manger un plat de riz au four, le meilleur que je n’ai jamais goûté. Aujourd’hui, quand j’évoque la saveur des pommes de terre, du boudin, des pois chiches… mes papilles gustatives sécrètent abondamment  la salive, sans pouvoir (ni vouloir) les en empêcher. Mais, ce sont des temps passés et maintenant on est proscrits du paradis.

Panoramique de la baie d'Alicante depuis le sommet d'Aitana

4 commentaires:

Chimo G. a dit…

À ma souvenance, vendanger, c'est n'était pas si divertissant. J'avais mal au dos, peut-être pour la dosette.
Je trouvais le paradis quand nous finissions la journée.

Josep Antoni a dit…

Ni c'est une cite d'Auden, ni Auden a été un poète victorien, ni la vue a été prise dès l'Aitana, ni Tirant a eu un oncle Gui, n'il a jamais fait la vendange. C'est un exercice d'autoficció.

Josep Antoni a dit…

J'ai oublié mettre un pas au commentaire antérieur. Excusez-moi, l'un a déjà quelque âge.

Pierre Nodoyuna a dit…

«Le bonheur est un mensonge» (Flaubert).